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Sous une tente

Tout d’abord, avant même d’arriver sur place, face à ma tête de Français qui ne comprend pas pourquoi il est écrit sur les brochures qu’on m’a données que la fête s’arrête à 22h30, on m’informe gentiment que les « soirées » à la fête de la bière peuvent commencer très tôt (dès neuf heures du matin le week-end !), et qu’il est donc préférable pour le maintien de l’ordre public que les hordes saoules rentrent chez elles à une heure raisonnable… Ça s’annonce bien !

A peine arrivé sur place, une première constatation s’impose : c’est aussi énorme qu’on le dit ! Des tentes, toutes plus gigantesques les unes que les autres, s’étalent à perte de vue. Fabi, mon hôte, m’apprend que quotidiennement 1,2 millions de visiteurs se pressent sur la Wiesn (c’est le nom donné à l’Oktoberfest par les habitués)… Au moins, on ne devrait pas manquer de compagnie !

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Tous les brasseurs sont là

En attendant d’obtenir une réponse à cette question fondamentale, nous réussissons à obtenir notre première bière… après presque une heure de combat acharné !

Les serveuses sont nos premières adversaires : impossible de se faire servir si on n’est pas assis ! Viennent ensuite les gens qui occupent les bancs, et qui prennent un malin plaisir à nous envoyer généreusement de grands coups de coudes, histoire de bien nous faire comprendre que nous gênons !

Il n’y a qu’une seule technique : trouver un bout de banc libre, poser une fesse dessus, et là, miracle, on a enfin le droit d’être servis… juste avant de perdre l’équilibre ! Mais qu’il est bon ce premier Maß lorsqu’il arrive enfin ! Car cela aussi c’est vrai : à l’Oktoberfest, il est impensable (voire impossible) de boire une bière de moins d’un litre ; qu’importe, il fait tellement chaud et on l’a tellement attendue que finalement, elle passe toute seule. De plus, ce breuvage a toujours un effet magique sur la qualité de mon allemand : mon enquête sur les Lederhosen progresse maintenant à pas de géant.

Dans la salle, grâce aux bons soins d’un orchestre traditionnel qui enchaîne les Schlager, tout le monde se met progressivement debout sur les bancs et en se balançant, reprend en cœur les standards allemands. Pendant ce temps, les serveuses continuent leurs allers-retours pour approvisionner les tables. Avec 8 à 10 Maß calés entre bras et poitrine, elles sont vraiment impressionnantes. Dire que je les trouvais désagréables au début, maintenant je suis admiratif !

Une histoire (effrayante) que m’avaient racontée plusieurs amis français me revient alors brusquement à l’esprit : une rigole d’urine s’écoulerait sous les tables pour éviter aux buveurs attablés d’avoir à se lever. Avec un peu d’inquiétude, j’inspecte le dessous de notre table et … ouf ! rien de tel à signaler, nous avons échappé au pire.

Finalement, après quelques verres supplémentaires, un changement de tente et de nombreux témoignages recueillis, je parviens enfin à y voir plus clair dans les traditions vestimentaires de l’Oktoberfest. Qui porte encore ces costumes et pourquoi ? J’ai pu identifier quatre groupes bien différents, chacun ayant son point de vue sur la question :

• les « traditionalistes » bavarois : fiers de leur histoire, ils paradent dans de superbes costumes.

• les idéologues contestataires : eux essayent de me démontrer que Munich n’est pas la Bavière (la première vote SPD, la seconde CSU) et que, par conséquent, porter un tel symbole bavarois serait comme renier ses propres convictions.

• les pragmatiques : ils sont plus intéressés par la fête que par la tradition, et voient souvent l’Oktoberfest comme un carnaval où tout le monde aurait le même costume !

• les relativistes : ils tentent de me convaincre que de toute façon, il y a plus de touristes, notamment japonais, que de Bavarois qui portent ces habits, et que ça ne veut donc plus rien dire… Je n’ai cependant pas pu le vérifier dans la pratique : tous les « costumés » avec qui j’ai eu la chance de parler étaient… bavarois !

Panorama de l'intérieur d'une tente

A la fin de la journée, j’avais pu valider ou infirmer la plupart des histoires que l’on m’avait racontées, et je dois dire que la réalité est pour une fois plus sympathique que le mythe : les gens ont en effet tendance à accentuer démesurément le caractère excessif de la Wiesn.

Je suis cependant rentré à Berlin avec une grande déception : nulle part je n’ai trouvé les fontaines de bière contre lesquelles ma grand-mère m’avait mis en garde …


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